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2012-06-24

Établissement de la Carte Nationale d’Identité au Bénin : Le Calvaire

En Afrique, au Bénin l’établissement d’une carte nationale d’identité (C.N.I ou CNI à compter d’ici) est un calvaire qu’on ne s’explique pas. Alors que le règlement a fixé un délai de deux semaines, on peut passer des mois avant d’entrer en possession de cette carte. Le dossier de la C.N.I est constitué d’une attestation de résidence, un certificat de résidence, une copie d’acte de naissance, deux photos et une somme de deux mille quatre cents (2400) FCFA. Ces pièces, leur utilité, leur traitement et les contraintes qui leur sont liées sont des dérangements aux usagers.
Les autorités font sûrement des efforts pour satisfaire les administrés mais la satisfaction est loin d’être réalisée. L’objet de cet article est d’attirer l’attention sur le calvaire subi et par suite solliciter une amélioration du service.

Attestation de résidence et certificat de résidence

Une rapide analyse documentaire montre qu’en substance les deux documents portent les mêmes informations, ce qui donne une impression de redondance. Ça me surprendrait d’apprendre que dans l’établissement de la CNI ces documents portant les mêmes renseignements remplissent deux fonctions différentes. Pourquoi donc demander à un usager à la fois une attestation de résidence et un certificat de résidence? Par ces documents mentionnés je crois que fondamentalement l’autorité municipale tente de recueillir la résidence de l’usager mais l’information portée sur les documents concerne le domicile actuel au moment de la constitution du dossier. Je crois que cela manque de cohérence. Je ne suis aucunement juriste mais il me semble qu’en matière de juridiction tout domicile n’est pas d’office la résidence légale.

Dans le souci de retrouver un individu il faut une donnée plus utile et moins aléatoire. Il m’est arrivé de déménager après l’établissement d’une CNI et je doute que la propriétaire de la maison que j’habitais et mes ex-colocataires aient la moindre idée de l’endroit où me trouver.

Acte de naissance

L’acte de naissance est probablement la chose la plus ennuyante et source de déboires. Il faut savoir qu’un acte de naissance est une chose qui ne change pas. Même si des gens changent de nom, font des ajouts ou correction de nom, même si des gens font des dispenses d’âge, ça ne change pas l’acte de naissance. Dans ma compréhension à moi une dispense d’âge n’est pas l’acte de naissance mais peut-être qu’on n’est pas tous au même niveau de compréhension. On ne naît pas à plusieurs reprises dans une même existence terrestre. Si une personne fait une dispense d’âge, ce document est un substitut, le plus souvent à caractère dérogatoire; et on y a recours justement parce que l’acte de naissance ne peut être altéré. Étant donné qu’un acte de naissance ne change pas, on ne comprend pas pourquoi on demande chaque fois aux citoyens de donner un acte de naissance; précisément dans le cas d’un renouvellement de CNI, comme si entre deux établissements de CNI l’acte de naissance a changé. Une fois qu’il a été fourni, on ne devrait plus redemander l’acte de naissance.

L’acte de naissance qui ne change pas est la norme; le changement de nom ou la dispense d’âge est l’exception. On ne peut pas se fonder sur des exceptions pour élaborer des principes généraux à appliquer d’office à tous. Une fois qu’un demandeur a fourni un acte de naissance, une dispense d’âge, un changement de nom, on ne devrait plus lui redemander ce même document; il suffirait de chercher dans les archives pour consulter cet acte. Mais comme il règne un désordre dans les mairies et qu’ils sont incapables de mettre de l’ordre dans leurs activités (alors qu’il existe des systèmes informatiques performants de gestion électronique de documents), ils vont chaque fois embêter les usagers. Surtout que c’est la souche de l’acte qui est de plus en plus exigé. Cette contrainte est pénible pour les usagers car si vous êtes à Cotonou et que vous êtes né à Manigri par exemple, eh bien il vous faudra faire l’aller-retour Cotonou-Manigri. Pourtant aujourd’hui il y a, je le répète, des solutions informatiques pouvant permettre d’accéder depuis Porto-Novo à un acte de naissance se trouvant à Natitingou.

Photos

L’usager peut être confronté à un problème de photo. Les motifs invoqués par les agents des services d’établissement de CNI sont la couleur, la luminosité. Votre photo est jugée trop claire ou trop sombre. Mais il me semble que normalement les services de CNI devraient avoir des agents ayant les aptitudes requises pour traiter les photos. Je connais quelqu’un que j’ai moi-même vu à l’œuvre qui fait de la retouche d’image de pro et qui parvient à des résultats stupéfiants avec des photographies altérées (déchirées, déteintes, etc.). On peut donc penser qu’on a affaire à un sérieux problème d’incompétence des agents chargés d’établir la CNI.

Par ailleurs je me laisse à penser qu’à partir d’un certain âge, il n’est pas nécessaire que la photo soit très récente. À moins d’un grand changement comme une maigreur extrême ou une obésité survenue, je crois qu’on peut aisément reconnaître une personne sur une vieille photo. Mais j’admets, la photo récente est préférable.

Coût en temps et argent

Le délai pour l’obtention de la CNI est règlementairement de deux (02) semaines mais j’ai personnellement passé au moins trois (03) mois avant d’obtenir la mienne.

Après avoir traversé le calvaire et reçu sa CNI, quand on fait le point on se rend compte qu’on a dépensé plus qu’on ne devrait. J’ai déjà eu à dépenser environ trente mille (30.000) FCFA pour une CNI à Cotonou. Il a fallu aller chercher la souche de naissance à des kilomètres et faire des va et vient un nombre incalculable de fois entre la mairie et la préfecture. Quand je vais à la mairie on me dit que mon dossier est au niveau de la préfecture et quand je me rends à la préfecture on me dit que mon dossier se trouve à la mairie. Ils ont joué à ce jeu avec moi pendant un certain temps.

Le plus renversant est la manière dont j’ai pu entrer en possession de ma CNI. On m’a parlé d’un genre d’individus qui aident les gens à rapidement avoir leur CNI. J’étais contre l’idée mais par finir j’ai eu recours à l’un d’eux. Le monsieur qui m’a permis d’avoir ma CNI est un couturier qui s’est converti dans cette activité. Il n’est ni un agent de la mairie ni un agent de la préfecture mais il a accès à ces services et à la paperasse qui s’y trouve. C’est lui qui a retrouvé mon dossier à la préfecture et m’a apporté ma CNI. Et savez-vous quoi? Il a dit que le problème n’était pas la souche alors que les agents m’avaient dit que c’est la souche; vous vous rendez compte? Il a aussi dit que je n’aurais pas dû aller à la mairie pour faire ma CNI mais que j’aurais dû venir le voir lui avec mon dossier plus ses émoluments (si on peut dire); comme ça j’aurais vite eu ma carte. Là je tombais littéralement des nues. Je me suis demandé dans quel genre de pays je suis même; un pays où des personnes externes font le travail de l’administration mieux que les agents réguliers de l’administration. Je ne sais pas comment on appelle ce genre de pays.

Cette expérience personnelle que je relate remonte à 2007 mais je suis à nouveau confronté à une situation similaire. Si l’administration locale ou municipale ne peut pas satisfaire les usagers dans le délai réglementaire, on va se plaindre et porter ça devant les tribunaux à cause des graves désagréments causés.

Mot de fin

C’est le genre de choses qui me fait penser qu’il faut simplement privatiser le service public ou passer à un mode de gestion privée.
Je me suis laissé dire que dans un certain pays développé, c’est en quinze (15) minutes chrono qu’on vous délivre votre pièce d’identité. À ce sujet j’aimerais juste faire remarquer qu’ils n’ont pas deux têtes là-bas; ils ont une seule tête, mais bon DIEU ils utilisent leur tête mieux que les Béninois. Et c’est toute la différence. Si au Bénin on a des difficultés aussi graves pour satisfaire avec la célérité attendue une population de moins de dix millions (10.000.000) de personnes, qu’est-ce que ça sera lorsque la population aura doublé? Ce sera le chaos. Evitons-nous cela.

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2012-06-10

On ne peut jamais bien s’occuper en même temps des affaires de deux différentes activités; surtout s’il n’y a aucune dépendance professionnelle entre elles et qu’il y a l’ombre de conflit d’intérêt. Mais voilà, au Bénin certains ont une structure dont ils veulent être le directeur et dans le même temps être employé dans l’administration publique ou privée. Excusez-moi mais je désapprouve ça. Soit vous vous occupez de votre structure, soit vous êtes fonctionnaire. Peut-être qu’on peut avoir une structure dont la gestion est confiée à une tierce personne et rester soi-même fonctionnaire. Mais comme le Béninois a un sérieux problème de confiance et ne veut pas laisser une autre personne gérer sa structure, il veut diriger à la fois sa structure et être employé ailleurs. Ainsi, il refuse de démissionner pour permettre à une autre personne d’avoir du travail. Une femme travaillant dans une société d’État a créé sa propre structure. Et quelle est sa conduite? Elle va au service y passer une ou deux heures, ensuite elle court pour aller dans sa société régler certaines choses puis elle retourne au service. Mon avis c’est que celle-là elle trompe l’État et elle se trompe elle-même. Ce qui se passe lorsqu’on se comporte comme ça, c’est qu’on n’est pas assez productif ni d’un coté ni de l’autre. Dans un cas pareil, même votre propre structure ou boutique ne tourne pas comme il le faut.

Dans l’exécution des tâches, on note aussi qu’il y a des agents fauteurs autant que fautifs de pertes financières et de manques à gagner à l’État, qui font entorse aux procédures normales et appliquent leurs propres règles.

Une autre tricherie dont j’aimerais parler rapidement concerne les fausses déclarations de maladies et d’ordonnances. Certains appellent ça même "deuxième salaire"; vous vous rendez compte? On dit qu’on est malade ou qu’un conjoint ou un assujetti est malade; on se fait établir de fausses ordonnances et on vole le pays. Et il y a des médecins, ayant soi-disant prêté serment, complices de ce genre de choses. Il apparaît clairement que ce n’est pas l’intérêt général qui est la motivation des gens…

La paresse au travail du Béninois est une plaie qu’il faut soigner au plus vite; j’ose croire que ce n’est pas encore la gangrène. Un jour je suis allé chercher un document au palais de justice à Cotonou. J’étais dans le rang quand sur les coups de 5h30’ l’agent s’est levé à demi de son siège et a sorti la tête pour jeter un coup d’œil sur le rang. Puis il fait un soupir de fatigue et d’exaspération et nous dit «Moi je suis fatigué hein, il faut aller revenir demain». Et c’est ce qui s’est passé; les gens ont pris leur chemin pour rentrer chez eux, et moi-aussi je suis parti. Je me suis dit «Donc lui on l’a recruté pour être fatigué à 5h30’». Que se passerait-il s’il va prendre son salaire et qu’on lui dit que son salaire est "fatigué" de xxx francs qu’on lui aurait soustraits? Pour certaines questions, on peut être obligé de se rendre à Cotonou; et c’est pour s’entendre dire de revenir après car l’agent chargé de servir les usagers est fatigué à 5h30’. Où est la conscience professionnelle? Je vous le demande.

On ne veut pas travailler mais on est prêt à faire des réclamations. On est prêt à aller en grève et parfois à aller jusqu'à paralyser des secteurs d’activités. On ne travaille pas et on veut avoir l’argent du travail. Mais vous rigolez ou quoi? Je ne suis pas défenseur de Monsieur Boni YAYI le Président de la république, un Boni YAYI pour qui j’ai d’ailleurs refusé de voter en 2011 ainsi qu’à sa formation politique. J’ai publié un article dans le passé (en 2010) dans lequel j’indiquais les raisons de ce choix. Sans trop m’étendre dessus, je lui reproche notamment de s’être laissé prendre en otage par le jeu de la politisation à outrance et de s’être laissé aller aux "affairages" des Béninois (dans leur grande majorité). Toutefois je le supporte sur la question de la défalcation. Si quelqu’un ne travaille pas, quelque soit cette personne (même si c’est mon père ou ma mère), qu’on lui défalque son salaire; un point c’est tout. Je le trouve même un peu pusillanime, un peu lent à sévir. Il dit qu’il va radier et il ne radie personne. Si c’était moi, je vais radier les gens; et je ne vois pas qui de la communauté internationale ou autre va m’en empêcher. On peut me faire un coup d’état après, mais je les aurais déjà radiés. Ailleurs où on a radié les gens, qu’est-ce qui s’est passé?

Je l’ai déjà dit dans d’autres articles et je le redis ici; les syndicats (en quasi-totalité) sont pour moi une calamité au Bénin. On ne les voit jamais faire des manifestations pour exhorter les fonctionnaires à doubler d’ardeur au travail, à accroître leur productivité mais ils savent faire des grèves. Il faut croire qu’il leur est plus facile et agréable de faire des grèves.

Si on espère une augmentation de salaire, on doit s’atteler au travail. C’est le travail qui crée la richesse. Au sens strict, ce n’est pas l’entreprise qui crée la richesse comme certains le disent; c’est le travail qui crée la richesse. S’il y a des entreprises où les gens refusent de travailler, il n’y aura pas de la richesse.

L’état d’un pays, la physionomie d’un pays sont à l’image du peuple de ce pays. Si des pays qui se sont illustrés par le travail comme le Japon, l’Allemagne, les dragons de l’Asie ont atteint un niveau de développement à la mesure de leur travail, la loi de cause à effet(s) (ou loi de causalité) nous permet de dire sans se tromper que tout pays dont le peuple se donne véritablement au travail se développera certainement. Où croit-on conduire un pays avec les conduites au travail présentées ici? Quel pays au monde s’est développé avec des fonctionnaires irresponsables, paresseux, tricheurs, menteurs, voleurs?

Si maintenant on fait un petit point, on voit que le Béninois moyen ne travaille pas plus de cinq (05) heures par jour mais il veut prendre le salaire d’un travail de huit (08) heures par jour. Ceux qui travaillent véritablement huit heures par jour sont peu nombreux. Et ceux qui acceptent de travailler plus de huit heures par jour sans que cela leur soit comptabilisé comme heures supplémentaires sont absolument très rares.

Note finale

Ces divers agissements passés en revue créent un préjudice à un pays. Selon des calculs auxquels je me suis donné, il ressort que 37,5% (au moins) de la masse salariale S est non mérité et constitue une perte pour la nation. Aussi dans une situation de déficit de productivité, recruter davantage d’agents qui vont se comporter de la façon décrite plus haut n’est pas avantageuse. Si on veut réaliser Q quantité de travail, la contrainte de devoir engager plus d’employés pour atteindre Q provoquerait une augmentation de S × q/Q (où q est la portion de travail non réalisée) et on aura ainsi dépensé S + S × q/Q. Si les nouveaux salariés recrutés sont eux-aussi paresseux et travaillent 5h au lieu de 8h, on a une perte induite égale à 37,5% de S × q/Q dont il faudra tenir compte par étapes de recrutement ou de productivité. Il y a donc une quantité S × qi/Qi qui s’intègre chaque fois dans la masse salariale actuelle. La dépense salariale totale serait: S + S × qi/Q + S × qi+1/qi + ... + S × qn+1/qn (avec qi = pi de Q); soit S + S × pi + S × pi+1/pi + ... + S × pn+1/pn
Il va s’en dire que pour l’employeur plus qi ou pi est faible, mieux ce sera; l’idéal étant que cette valeur soit nulle. Et Q n’est réellement atteint que si cinq heures de travail par jour sont suffisantes pour le réaliser; sinon on s’en approcherait seulement...

C’est l’une des causes (il y en a d’autres) pour lesquelles il peut être difficile à un État de recruter. Or on veut que l’État recrute (n’est-ce pas?). Donc il va falloir que chaque salarié pris singulièrement se remette en cause.

De ce qui précède, il apparaît qu’une rétribution salariale plus juste serait celle élaborée sur une valeur prônée par le régime Boni YAYI: l’obligation de résultat.

Tel est le propos que je voulais partager avec vous. Je vous remercie pour votre précieuse attention.

C’est la première fois que je publie les éléments de cette étude dont je voulais faire un travail plus grand et un document plus complet. Mais à la réflexion, premièrement je n’ai pas toutes les ressources nécessaires et deuxièmement pour dire la vérité, je suis de plus en plus dégoûté par un peuple qui se refuse à la conscience professionnelle et qui ne fait rien pour s’améliorer. Alors si cet article peut inspirer certaines personnes, tant mieux. En ce qui me concerne je renonce à aller plus loin.

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Conduites Anti-Progrès des Salariés du Bénin

L’exercice des fonctions professionnelles au Bénin est caractérisé par des conduites négatives qui m’ont frappé et qui interpellent les personnes ayant véritablement un réel désir d’une amélioration de la situation. L’envie d’une étude sur ces comportements m’a conduit à collecter des informations, à observer des faits et gestes entre 2006 et 2008; à titre personnel. Cette étude bien qu’incomplète n’en révèle pas moins les raisons de la léthargie d’un pays comme le Bénin.

Scènes sur le lieu de travail

Tout de suite je vous informe que je suis arrivé à la triste conclusion que le Béninois ordinaire est paresseux, fainéant et travaille à peine cinq (05) heures par jour; et c’est par gentillesse que je dis cinq heures sinon je dirais entre trois heures et demi (03½) et quatre (04) heures.

Voyons ça de plus près. Comment commence déjà une journée de travail classique de la majorité des Béninois? Eh bien, elle commence… par le retard au service.

Naturellement, dirait l’autre.

En effet ce serait faire défaut à sa nature de Béninois que de ne pas aller au bureau en retard. Car un vrai Béninois va au bureau en retard. OK, d’accord j’ironise mais c’est tout comme si je n’ironisais pas.

Tout se passe comme si chaque salarié béninois a son heure, propre à lui. Il y a des gens qui jusqu’à 9h ne sont pas encore au bureau; d’autres se rendent au travail à 10h. J’ai même vu des gens aller au service aux environs de 11h sinon après. SVP, souventes fois; qu’on ne vienne pas dire que c’est une fois en passant. Vous pouvez faire vos propres investigations, si vous avez le cœur à ça: vous choisissez une structure, par exemple la Sobémap ou la SBEE ou le CCIB ou la HAAC ou la préfecture ou que sais-je, et vous vous pointez là à sept heures tapantes; vous vous mettez de l’autre coté de la voie et vous observez. Vous le faites sur une durée de un (01) mois et vous allez voir.

Une fois le Béninois arrivé au service en retard il ne va pas se presser pour aller à son poste sans s’arrêter pour dire bonjour par ci et par là et parfois passer de bureau en bureau pour dire bonjour aux collègues et papoter un peu. Il arrive aussi qu’au service des gens se lancent dans de longues discussions qui n’ont rien à voir avec le travail, surtout les discussions politiques. Même durant l’exécution des tâches, le travail est régulièrement entrecoupé de pauses-discussion. Quand un chef reçoit un appel et quitte son poste, il n’est pas impossible que ce soit pour aller bavarder. Et ça peut aussi bien être à son lieu de travail que dans une autre structure/société.

À partir de 10h on assiste à quelque chose: on voit les gens sortir à un rythme indéfini, soit un à un, soit par groupe de deux ou trois; pour aller manger. Il y a des gens qui vont boire la bouillie, d’autres qui vont manger de l’igname, du riz, de la pâte… D’autres prennent le petit-déjeuner dans les bureaux où déambulent des vendeuses de sandwiches. C’est le plus souvent le cas des chefs qui parfois envoient leurs subalternes leur acheter à manger à l’extérieur. C’est sans surprise que vous verrez des bols de tout genre dans les bureaux. Cet arrêt de travail pour la prise de petit-déjeuner peut prendre vingt (20) à trente (30) minutes ou plus.

Un autre phénomène que j’ai observé concerne une revue de presse (en fon, une langue du pays) qui je crois bien était à ses débuts. Je suis de ceux que cette émission laisse indifférents mais j’ai constaté qu’elle avait pour effet de faire cesser le travail des fonctionnaires. Les gens arrêtent carrément le travail pour écouter cette revue de presse. Et c’est là où je me questionne sur les patrons de media pour me demander s’ils ont conscience de ce que créent leurs différentes émissions. Dans des pays sérieux on réalise des études: enquête d’audience, habitude d’écoute (ce genre de choses) pour élaborer, réviser les programmes télé et radio. Le font-ils? Je ne crois pas. Je ne sais pas si cette revue de presse continue toujours (j’écoute très rarement la radio). Si c’est le cas, est-ce que ça crée toujours la cessation de travail? Il faudra alors faire quelque chose.

Bon, après le petit-déjeuner et la revue de presse, on reprend donc le travail. La vendeuse d’oranges, de bananes, de ceci et cela va entrer en scène. Les gens qui sont intéressés vont en acheter. Tout ça a lieu dans les bureaux, hein. À partir de midi et avant même que 12h30’ ait sonné, qu’est-ce qu’on voit? Du coin de l’œil on s’aperçoit que des gens rangent leurs affaires pour rentrer à la maison. Il y en a qui ont déjà la tête baissée sur la table pour un petit somme; pas étonnant avec toutes les choses ingurgitées. L’organisme a besoin d’un peu de repos pour bien digérer toute cette nourriture.

Et voilà la demi-journée achevée. À quoi va-t-on assister dans l’après-midi? À peu près à la même chose. Ceux qui sont rentrés vont s’amener après 3h alors que le travail commence à 3h. Sur les coups de 4h-4h30’ on va sortir pour aller manger: bouillie, ignames et beignets, ou autres. Différentes vendeuses vont encore faire la ronde mais quand-même moins qu’au cours de la matinée. Avant 6h30’ la plupart des gens ont déjà rangé leurs affaires, d’autres ont même déjà quitté leur poste.

Irresponsabilité, paresse, tricherie, etc au cœur de l’administration béninoise

S’agissant du travail lui-même, on met souvent les tâches de côté pour s’adonner à d’autres plaisirs. Ainsi vous voyez des gens qui passent leur temps à jouer au solitaire. C’est l’application du système Windows la plus maîtrisée par les travailleurs au Bénin. J’ai assisté à une chose un jour; un matin, une femme arrive sur son lieu de travail. Elle s’assied et met l’ordinateur en marche. Dès que la machine a fini de démarrer, quelle est la première chose qu’elle exécute? Le solitaire! Quand je pense qu’un jour, courant 2005 je crois, j’ai reçu dans ma boîte e-mail une histoire, provenant de TechRepublic auquel j’étais abonné, qui disait qu’un employeur aux USA a renvoyé un employé pour l’avoir surpris en train de jouer au solitaire au bureau; je me dis qu’il faut qu’on se ressaisisse au Bénin. L’employé surpris a été licencié sur le champ sans autre forme de procès [car même s’il n’y a rien à faire au bureau, il y a toujours quelque chose d’autre à faire que de jouer au jeu solitaire].

Par ailleurs le Béninois typique qui est très versé dans la tricherie a une compréhension vraiment étonnante du travail qui l’amène à des comportements anormaux. Il se trouve des fonctionnaires qui créent leur propre business dans les structures où ils travaillent. On voit ainsi des employés qui sont des vendeurs de pagnes, d’arachides, de cacahouètes, d’acajous en bouteille, etc. qu’ils viennent vendre sur leur lieu de travail, pour leur propre compte. Il y a donc des personnes qui ne sont ni plus ni moins que des commerçants et l’administration est leur marché. Il n’y a certainement pas de mal à faire du commerce mais je crois qu’il faut être conséquent, sérieux, responsable, courageux. Si on veut faire du commerce, il faut démissionner et aller ouvrir une boutique pour faire son commerce. On saura que c’est ce que la personne fait et on ira dans sa boutique pour acheter ses marchandises. Mais au lieu de ça, on vient faire du commerce dans les locaux administratifs. J’ai connaissance d’un ex-fonctionnaire qui a fait un départ volontaire de la fonction publique pour se lancer dans une activité qui l’intéressait. C’est ça ce qu’il faut faire. Si ça marche, ça marche; si ça foire, ça foire. C’est à vous de voir. Mais le Béninois préfère tricher, et si on dit qu’il est un tricheur, ça le fâche. N’est-ce pas? Or c’est de la tricherie.

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